Aujourd’hui, la formation de bachelier en gestion de l’énergie de Howest est au centre de toutes les attentions. Jurgen Van Ryckeghem en est le conférencier : « La formation n’est évidemment pas nouvelle. Nous savons depuis longtemps que nous devons (et pouvons) changer la manière dont nous gérons l’énergie. En 2013 déjà (!), nous menions un projet d’étude sur le stockage de l’énergie sur batterie. Mais en raison d’un slalom politique, la Belgique accuse aujourd’hui bien du retard en matière de gestion de l’énergie. L’absence d’une politique claire en matière d’énergie renouvelable a été un énorme frein au développement. En reportant à nouveau l’introduction obligatoire du compteur numérique de 5 ans, nous passons à côté d’une belle opportunité. »
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Il est humain d’investir lorsqu’une opportunité se présente. Jurgen Van Ryckeghem : « Depuis l’apparition de l’énergie renouvelable, l’accent a été placé sur des délais de récupération illusoirement courts. Le Flamand est convaincu qu’il faut obtenir un retour sur investissement le plus rapidement possible. Si une politique claire avait existé, l’évolution aurait peut-être été lente, mais elle aurait été continue. Et elle n’aurait pas été marquée par l’effet yoyo que nous avons connu ces dernières années. En raison du modèle économique en perpétuel changement, pratiquement plus personne à l’heure actuelle n’est en mesure d’indiquer clairement s’il faut encore investir dans les énergies renouvelables, ni comment procéder. »
30% d’autoconsommation
En 2021, le prosommateur moyen affiche une autoconsommation de 30 %. « En moyenne, car aujourd’hui, les données issues de compteurs numériques sont encore insuffisantes. Si vous ajoutez une petite batterie d’une consommation de 1kWh/MWh à un dimensionnement 1 sur 1, votre autoconsommation augmentera alors déjà de 50 à 60 %. Mais en réalité, nous invitons plutôt à aborder la chose dans l’autre sens. Commencez par gérer vos flux d’énergie avant d’investir dans une batterie. Vous pouvez ainsi opter pour un système de stockage sur batterie encore plus petit, ce qui vous permet de réduire les coûts. »
« Commencez par gérer vos flux d’énergie avant d’investir dans une batterie. »
« Aujourd’hui, de nombreux propriétaires de pompes à chaleur sont mécontents, car ils doivent faire face à une consommation élevée en hiver, et les panneaux solaires sont surtout rentables en été. Un raisonnement que l’on peut dès lors transposer au chauffage de votre maison. En effet, il ne faut pas oublier que 20 à 30 % de ce temps est également consacré à la production d’eau chaude sanitaire. En procédant à une petite optimisation au moyen d’une commande intelligente de votre production d’eau chaude sanitaire, vous pouvez déjà augmenter votre autoconsommation jusqu’à 40 à 50 %. »
Celui ou celle qui achète aujourd’hui une pompe à chaleur en y associant un tampon thermique dispose d’une bonne solution, sans avoir à investir dans un stockage sur batterie. « Certes, il existe des manières plus rentables de chauffer votre eau qu’en recourant à l’électricité... mais si le fait de réinjecter votre énergie dans le réseau vous rapporte ne fut-ce qu’un petit quelque chose, et qu’il vous en coûterait de toute façon plus de chauffer votre eau au gaz, cela vaut certainement la peine. Espérons que les gens verront qu’un boiler de pompe à chaleur est plus efficient qu’un « bête » boiler électrique. »
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« Espérons que les gens verront qu’un boiler de pompe à chaleur est plus efficient qu’un « bête » boiler électrique. »
On croit à tort qu’il faut viser 100 % d’autoconsommation
« On croit à tort qu’avec le compteur numérique, il faut augmenter son autoconsommation à 100 % pour être rentable. Si vous pouvez faire passer votre autoconsommation de 30 % à 40-50 %, votre compteur numérique vous permettra déjà de faire des économies. En y associant un système de gestion de l’énergie et quelques commandes intelligentes, vous pouvez donc tirer profit des ‘données gratuites’ de votre compteur numérique. » Jurgen Van Ryckeghem appuie ses propos : « L’industrie 4.0 est sur toutes les lèvres, alors pourquoi ne voudrions-nous pas avoir une vue sur les données de notre propre maison ? Ces informations sont nécessaires pour permettre l’optimisation. »
En reportant, nous passons à côté d’une belle opportunité
« C’est pourquoi je pense qu’en reportant à nouveau l’introduction du compteur numérique de cinq ans, nous passons à côté d’une belle opportunité de réaliser d’importants progrès en matière d’optimisation et d’autoconsommation. La soudaine hausse des ventes de batteries est à présent retombée. « Pourquoi investir dans des batteries alors que je peux repousser l’acquisition d’un compteur numérique à 2025 ? » Faux ! La plupart des utilisateurs ne disposent pas des connaissances nécessaires pour réaliser qu’ils feraient mieux d’opter pour un compteur numérique que de payer le tarif prosommateur. »
« Si vous pouvez faire passer votre autoconsommation de 30 % à 40-50 %, votre compteur numérique vous permettra déjà de faire des économies. »
Tarif de capacité
En 2022, un nouveau tarif entrera à nouveau en vigueur : le tarif de capacité. « Alors seulement verrons-nous clairement tout le potentiel qu’offrent les électroménagers blancs. Car à partir du moment où vous devez payer en fonction de vos pics les plus élevés, il est important de les lisser. Tout comme nous avons dû à l’époque accepter l’idée de faire fonctionner les grands consommateurs le soir (tarif de nuit), une campagne de sensibilisation est désormais nécessaire également. Grâce aux appareils intelligents disponibles sur le marché, il est possible de lancer le lave-vaisselle lorsque la production d’énergie le permet. Vous devez simplement convaincre les gens qu’ils ne devront pas sacrifier leur confort pour autant, et que cela leur permettra également de faire des économies. »
Et au secteur de l’installation, Jurgen Van Ryckeghem donne également le conseil suivant : « Parlez avec vos clients de leur mode de vie. Vous pouvez déjà optimiser leur situation rien qu’en orientant les panneaux photovoltaïques en fonction de leur rythme de vie. Si l’on est surtout à la maison lorsque le soleil est à l’ouest ou à l’est, pourquoi orienter l’installation photovoltaïque vers le sud ? Rien qu’en opérant ce choix, vous pouvez augmenter votre autoconsommation de 10 %. Ensuite vient le reste, la gestion de l’énergie et enfin le stockage sur batterie. Les installateurs devront revoir les critères de dimensionnement. Un nombre moins important de panneaux suffiront souvent à optimiser l’autoconsommation. »
« À l’heure actuelle, il est une certitude en matière de coût : le tarif prosommateur. Les gens ne peuvent rien y faire personnellement. Mais en passant au compteur numérique, ils peuvent en prendre le contrôle. Il faut vraiment qu’ils en prennent conscience. »
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Communautés d’énergie locales
Et à Jurgen Van Ryckeghem de conclure : « Les communautés d’énergie locales offrent des perspectives d’avenir. Cette année, les pouvoirs publics statueront sur la possibilité de vendre son surplus d’énergie à son voisin. Si nous pouvons convaincre des quartiers ou des groupes de personnes d’investir ensemble, nous pourrons mettre en place un système d’énergie beaucoup plus efficient. La moitié des maisons d’un quartier sont déjà équipées de panneaux photovoltaïques ? Encouragez dans ce cas l’autre moitié à investir dans un système de gestion de l’énergie partagé et une batterie collective. L’énergie dont le voisin X n’a pas besoin peut alors être revendue au voisin Y. »