L’évolution vers des réfrigérants naturels souligne le besoin d’une certification dans le domaine de la réfrigération
« Développez votre potentiel commercial, tout en respectant le climat »
Voilà bien longtemps que la détermination de l’Europe à agir sur tous les fronts pour lutter contre le réchauffement climatique ne laisse plus planer le moindre doute. Au cours des prochaines années, ces changements sur le marché de l’HVAC deviendront plus évidents encore. La tendance prônant le remplacement des gaz à effet de serre fluorés par des alternatives naturelles occupera encore plus le devant de la scène dans un avenir proche. L’utilisation du R290 en tant que réfrigérant naturel est une bonne solution, bien qu’elle soulève plusieurs points d’attention importants qui sont également abordés lors des formations à la certification.
Depuis 2014, L’Union européenne prend diverses mesures afin de réduire l’utilisation de réfrigérants dont le Potentiel de Réchauffement Global (PRG) est élevé. « En 2024, elle a révisé le règlement relatif aux gaz fluorés dans le but d’éliminer complètement les HFC (réfrigérants synthétiques à fort PRG, NDLR) d’ici 2050 », indique Michaël Van Audenhove, expert dans le domaine de l’HVAC chez Cebeo. « Ce règlement introduit des quotas pour réduire progressivement la production et l’utilisation des HFC et encourage l’utilisation de réfrigérants alternatifs affichant un PRG plus faible. »
De R32 à R290
À partir de 2029 (pour les systèmes de climatisation) et de 2027 (pour les pompes à chaleur air-eau), les gaz fluorés dont le PRG est supérieur à 150 seront interdits. Cette interdiction s’étendra par ailleurs à l’ensemble des gaz fluorés utilisés dans ces systèmes à partir de 2035. « Des restrictions similaires s’appliquent aux systèmes plus grands (>12 kW), avec des limites plus strictes en matière de PRG qui entreront en vigueur entre 2029 et 2033. En outre, depuis 2025, les gaz fluorés sont également interdits pour certaines applications, telles que les réfrigérateurs et les congélateurs domestiques. Ces mesures s’inscrivent dans le cadre des objectifs climatiques européens plus larges, tels que celui visant la neutralité climatique d’ici 2050. »
Actuellement, le R32 est utilisé dans de nombreuses installations de réfrigération en tant que réfrigérant. « La valeur PRG de ce gaz est de 675 », poursuit Michaël Van Audenhove. « Le R290 est une excellente alternative, mais avec une valeur PRG de 3. À la différence que le R290 a un autre impact, celui d’afficher une plus grande inflammabilité. Une plus grande prudence est de mise, en particulier pour les plus grandes installations qui utilisent de grandes quantités de réfrigérants. Toutefois, il n’y a pas lieu de s’inquiéter, surtout dans le cas d’applications résidentielles. En effet, ces climatiseurs et pompes à chaleur ne nécessitent qu’une très faible quantité de fluide réfrigérant. L’essentiel est de respecter les consignes d’installation fournies par les fabricants (Mitsubishi Electric, Bosch, CTC...). Dans le cas d’une pose libre, il ne peut y avoir aucune source d’inflammation, ouverture ou accès au bâtiment dans un rayon d’un mètre autour de l’appareil, et jusqu’à une hauteur maximale de 30 cm. Si l’appareil est installé dans un coin ou une niche, la zone de sécurité à l’avant est étendue à 2,5 mètres. »
Michaël Van Audenhove
« Le R290 est une excellente alternative au R32, mais présente une plus grande inflammabilité. »
Réduire les coûts de démarrage
Dans le cas de pompe à chaleur air/eau monobloc, le R290 est déjà le réfrigérant de choix dans l’assortiment des principaux fabricants. « L’installation de tels appareils ne nécessite pas d’opération de réfrigération spécifique », indique Michaël Van Audenhove. « Si après un certain temps, une intervention s’avère nécessaire, elle doit être effectuée par une personne disposant d’un certificat en réfrigération. »
Dans le cas des climatiseurs et des pompes à chaleur split, toutes les opérations de réfrigération doivent être effectuées par des techniciens certifiés en réfrigération. « C’est une différence de taille par rapport à la situation antérieure, lorsque tout le monde pouvait travailler avec des réfrigérants naturels. »
Les installateurs qui disposent d’un tel certificat disposent donc d’un atout majeur. « Certes, la formation pour obtenir ce label coût entre 2 000 et 2 500 euros, mais pour les professionnels qui installent de nombreux systèmes de climatisation et pompes à chaleur, l’investissement est très vite rentabilisé. Sans certificat, le coût de démarrage oscille entre 300 et 700 €. Si vous avez la possibilité de le faire vous-même, vous pouvez travailler de manière plus efficace et à moindre coût. »
Vous pouvez obtenir un certificat de réfrigération auprès d’un centre de formation ou d’examen agréé. « Pour ce faire, vous suivez d’abord une formation théorique et pratique. Vous passez ensuite un test pratique et un test de connaissances conformément aux normes du VLAREM et au règlement européen relatif aux gaz. En cas de réussite, vous recevez un certificat personnel et pouvez demander une agréation par l’intermédiaire de votre entreprise. Une mise à jour est nécessaire pour que les techniciens en réfrigération actuellement certifiés puissent travailler avec des hydrocarbures (spécifiques au R290). La liste des centres agréés et la procédure complète sont disponibles sur les sites Internet de Leefmilieu Brussel, Département Omgeving Vlaanderen ou Bruxelles Environnement. »
Michaël Van Audenhove
« Pour pouvoir manipuler du R290, il est préférable d’obtenir un certificat de réfrigération. »
Formations
Au sein du centre de formation Cebeo Campus, des spécialistes organisent régulièrement des séances d’informations avec les différents partenaires. « C’est important pour sensibiliser davantage le marché de l’installation », poursuit Michaël. « Mitsubishi Electric recommande aux installateurs de suivre un webinaire avant de travailler sur des installations monoblocs ou split. Nous avons demandé à nos différents partenaires d’inclure suffisamment d’informations sur les avantages et les inconvénients du R290 dans leur campagne de sensibilisation aux nouvelles solutions. »
Les trois fabricants CTC, Bosch et Mitsubishi Electric disposent déjà d’une gamme de pompes à chaleur monoblocs qui fonctionnent à l’aide du réfrigérant R290. Dernièrement, Mitsubishi Electric a déjà lancé un climatiseur split recourant à cette alternative respectueuse de l’environnement. Seule une personne titulaire d’un certificat de réfrigération peut les mettre en marche et les manipuler. Bosch prévoit lui aussi de lancer prochainement de tels appareils.
La morale de l’histoire ? « Il n’y a pas lieu de craindre les systèmes fonctionnant avec le nouveau réfrigérant, mais il convient de bien prendre conscience qu’ils doivent être manipulés de manière appropriée. Pour acquérir de telles compétences, il est préférable d’obtenir un certificat de réfrigération. Auparavant, ce certificat n’existait que pour les interventions impliquant des gaz à effet de serre fluorés (gaz F), mais il est désormais étendu aux réfrigérants naturels également. Vous développez ainsi votre potentiel commercial, tout en respectant l’environnement », conclut Michaël Van Audenhove.
